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30 mai 2007

"tu veux être mon amie?"

Voilà presque un an, je suis arrivée dans une nouvelle région, sans ami, sans boulot. Bon je veux pas faire pleurer dans les chaumières, je précise : j'avais mon chéri quand même.
J'avais envie de raconter ma "solitude" et ma recherche de rapports humains et surtout amicaux alors voilà mon résumé, mon récit, un peu comme un parcours du combattant, en quatre saisons

Eté
Arrivée dans une ville où je ne connais personne, à plusieurs centaines de km de chez moi ou plutôt de mon ancien chez moi car à présent c’est cette ville sans repère qui va être mon foyer, mon royaume.
Après l’été vient le constat : pas du tout évident de rencontrer des gens ou plutôt de nouer de nouvelles amitiés dans une ville que l’on ne connaît pas, sans travail, sans études pour se procurer les quelques amorces propices à un renouveau de vie sociale.
L’horreur !? Le chômage dans une ville inconnue. Toute seule toute la journée à parler à son chat ou à sa conseillère ANPE. Chouette programme !
Je décide donc de prendre mon courage à deux mains.

 

Automne
Je m’inscris à des clubs, je teste des activités culturelles et sportives. J’ai plein de temps à y consacrer et malheureusement peu d’argent donc je me limite. En limitant aussi les occasions de rencontres. Dommage.
Au bout de quelques temps, j’ai du mal à articuler quelques mots simples... Ok je plaisante mais une vraie discussion en face à face avec un autre humain devient rare et précieuse. J’en arrive à me réjouir de discuter avec une caissière de grand magasin !
Dès que je suis en situation de rencontrer de nouvelles personnes, je souris, j’essaye d’être détendue et détachée, de ne surtout pas avoir l’air seule. La solitude fait peur, c’est bien connu.
Si je demandais aux filles de la gym « Tu veux bien être mon ami ? », j’aurais vraiment l’air conne, non ?

 

Hiver
Finalement je crée quelques contacts, on se donne des premiers rendez-vous pour boire un verre et faire mieux connaissance. Enfin un premier vrai rendez-vous pour connaître quelqu’un ! Soudain, angoisses : et si on ne s’entendait pas ? Peut-être est-elle tout le contraire de moi ? Peut-être va-t-elle me faire une proposition indécente : « l’échangisme, ça te tente ? ». Peut-être va-t-elle tenter de me convertir à sa foi : «  As-tu déjà entendu parler de notre Sauveur ? ». Ou peut-être va-t-elle me trouver stupide ? Je doute de tout, de moi surtout.
Je cherche des sujets de conversation qu’on n’abordera pas. Comme les scouts, je suis prête à tout. Prête (ou presque) à tout accepter pour avoir à nouveau une amie. Mais attention, il ne faut pas non plus trop insister, être trop collante sinon je vais la faire fuir… Surtout paraître cool, drôle, branchée… Séduire ! Au risque même de perdre peut-être un peu de son identité…

Le rendre-vous est arrivé. Il n’était pas galant, ni professionnel mais tout de même assez important. Vais-je me trouver une amie ? Il semble que oui, potentiellement. Nous avons quelques points en commun. Pas non plus de propos intolérants ou excessifs. Pas de vices cachés. Propre sur elle. Je pense que je vais pouvoir poursuivre et lui proposer un second entretien. Je plaisante, mais il me passe en tête mille questions, mille problèmes.
Par exemple, ne sachant pas ses goûts je teste, je pose des questions, peut-être fais-je des impers…
Situation critique : une musique passe à la radio. Elle me dit : « J’écoutais ça au lycée. C’est sympa mais c’est gentillet tout de même. Et maintenant ça redevient à la mode » Aïe ! Moi ce groupe je l’aime, il m’accompagne toujours même si mes goûts ont changé. Comment réagir ? Affronter la critique et lui dire que moi je l’aime toujours ce groupe, que j’y reviens fréquemment et que je ne rate jamais leur nouveau cd… Possibilité de silence gêné…
Ou alors ne rien dire, laisser faire le temps et oublier ça. Surtout qu’elle ne soit pas mal à l’aise quand viendra cette découverte ! Enfin, peut-être s’en fout-elle totalement ? Je me prends un peu trop la tête… Je retourne en arrière. Période 4e / 3e au collège. Quand j’étais pas invitée aux booms, avec mes lunettes vertes, mon petit 1,50m et ma grande timidité. Au secours !

 

Printemps
Dans moins de 2 mois cela fera déjà 1 an que je suis ici.
A présent je sors régulièrement avec 2 ou 3 "amis", si tant est qu'on puisse les qualifier déjà ainsi. A partir de quand peut-on dire que l'on est ami avec quelqu'un ? Quelle est l'étape fondamentale, s'il y en a une ?
Après tout, peu importe si ça fonctionne ou pas entre nous, l’important est de prendre du bon temps sans se forcer, sans rajeunir, sans se perdre.  Aucune amitié n’est identique. On prend et on donne différemment selon chacun. Parfois il suffit d’une rencontre, d’un rire échangé dans un couloir pour savoir que vous avez une amie pour toujours. Et parfois le temps prend son temps pour vous donner quelqu’un à aimer. C’est comme une histoire d’amour, une histoire d’amitié. Et pour l’une comme pour l’autre, il faut savoir profiter des premiers pas…

Il n’y a pas longtemps on m’a demandé si je me sentais chez moi maintenant ici… Je n’ai pas su quoi répondre. J’ai l’impression que je ne saurai jamais quoi répondre. Comme à la fin de L’Auberge Espagnole, je suis Lille, je suis Caen, je suis mes amis d’avant et ceux de demain. Je suis chez moi partout où des gens comptent pour moi. J’ai l’impression en fait d’être arrivée hier et que la route n’est qu’à son premier virage. Mais le chemin a quelque chose d’excitant et le paysage est sympathique alors je profite.

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Commentaires
A
Quel meilleur endroit que ce post pour te remercier de m'avoir éviter de dériver sur la pente déraisonnable de la raison ce WE. J'ai passé un excellent moment avec vous. On disait qu'un jour vous re-viendriez sur Lille !!
E
Merci les gars! c'est trop ! Ca fait plaisir de constater que mes posts manquent et/ou touchent...<br /> <br /> en écrivant celui-là je me disais que ça faisait peut-être un peu mélo ou parano, mais bon j'ai assumé le résultat... et je suis bien contente de l'avoir fait!<br /> Je vous ferai peut-être le bilan J + 2 ans l'année prochaine?!<br /> <br /> et pour Tryo c'est exact... et pour parler d'une autre référence, à la fin quand je parle d'un rire echangé dans un couloir, je pensais à un fameux couloir d'internat...<br /> <br /> et bon vol à toi aussi grouic dans ta nouvelle aventure professionnelle!
G
C'est marrant, hier, Mister Tim me faisait remarquer que ce blog était quelque peu délaissé depuis 15 jours, mais quand je lis cet article, je me dis que la gestation en valait le coup. Alors bien sur, il ne s'agit pas ici de découvrir avec intérêt un mot peu usité, ou une belle phrase de tel ou tel, mais de partager, se rendre compte de la difficulté de partir, découvrir un ailleurs, quand on a trop de temps et que l’on ne connaît personne. J’ai particulièrement aimé le : « l’échangisme, ça te tente ? », et la référence à , je pense, Tryo. Pour conclure, j’espère que ton nouveau boulot te mènera loin, et te fera passer de L’Auberge Espagnole aux Poupées Russes (cette Wendy, miam).
T
Cool ! Le retour des posts !! <br /> Et quel post...<br /> <br /> C'est amusant de constater qu'en fait, on a un peu vécu la même chose... Il aura fallu que je lise ces lignes pour m'en rendre vraiment compte!!<br /> Comme quoi, quelque soit la nouvelle ville, quelle soit pleine d'habitants (Paris) ou non (Caen... avec quand même 117.157 habitants, mais c'est presque 20 fois moins qu'à Paris), la solitude reste la même...<br /> <br /> <br /> En tout cas, en lisant tout ça, je me dis un truc : faut vraiment que tu te mettes à écrire, toi !
eMaG in AiR
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