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20 mars 2007

La vie des autres - Cinéma

Une belle mais sordide histoire sur fond de réalité historique. A voir ! 
Très loin du documentaire, le film nous montre l'Histoire d'une période noire de l'Allemagne (que l'on connait peu en France selon moi) à travers l'histoire d'un poète et de son ange-gardien, un capitaine de la Stasi chargé de le surveiller.

Pour vous situer l’action, voilà le pitch : 1984 en RDA. Le ministère de Sécurité de l’Etat, la Stasi, règne en maître sur la population. Sa devise : « Tout savoir ». Ses employés font régner un climat de crainte, de méfiance, de délation. Gerd Wiesler est un employé modèle du ministère, fervent disciple de la doctrine communiste. Il maîtrise les techniques d’écoute, de surveillance et d’interrogatoire et n’hésite pas à les mettre en œuvre pour le bien du Parti. Après avoir émis quelques réserves sur la loyauté d’un auteur de théâtre, on lui confie sa surveillance. Il met alors en place toute une batterie de micros et de caméras pour ne rien rater de la vie de Georg Dreyman et de sa compagne, une brillante comédienne, afin de découvrir si réellement cet intellectuel est trop orgueilleux pour être honnête. Commence alors une surveillance implacable qui va mener le capitaine de la Stasi bien plus loin qu’il ne l’imaginait.


Au fur et à mesure de sa surveillance, Gerd Wiesler va prendre de plus en plus d’intérêt à écouter la vie de ce couple, intérêt qui dépasse de beaucoup sa mission. Tout en douceur, il va aller de désillusions en découvertes. D’abord comprendre que les dirigeants du Parti sont finalement plus intéressés par le pouvoir et leur propre intérêt que par celui du pays. Puis viendra sa rencontre avec l’Art. Le moment où le capitaine de la Stasi entend le poète jouer un air de piano, la «Sonate de l’homme bon» est particulièrement déterminant. La pureté de la musique semble provoquer en lui des émotions nouvelles. La découverte d’une pensée libérée de toutes servitudes, de toutes doctrines, et créatrice semble prendre le pas sur ses anciens idéaux. Ainsi, il perd progressivement ses repères et ses croyances jusqu’à finalement se perdre lui-même pour sauver un homme qui ignore son existence mais qui a réveillé sa conscience.

Ulrich Mühe qui joue le capitaine de la Stasi est particulièrement brillant dans son interprétation. Il est froid, appliqué à l’extrême, robotisé. Même à la fin du film, quand il a totalement basculé, il reste très distant et méthodique comme si la part d’humanité qu’il avait retrouvée ne pouvait se montrer au grand jour. On ne sait jamais vraiment ce qu’il pense car finalement lui-même l’ignore. Pour lui, c’est une descente dans l’inconnu.
A la fin, je me demandais à quel moment tout avait basculé, mais en fait il n’y a pas de moment précis. Il vit cette surveillance au jour le jour, toujours en proie au doute, avec l’incessante envie de « donner » le poète. Je me dis que finalement c’est ça la vie : on ne devient pas du jour au lendemain bon ou mauvais, de même qu’on n’arrête pas un seul jour de changer. En fait on évolue doucement sans s’en rendre compte, parfois même malgré soi.
C’est en cela que, selon moi, la réalisation est extrêmement juste. Dans le film, tout est mêlé : les bons sentiments côtoient la cruauté et la trahison car personne n’est à l’abri de sa propre faiblesse. Florian Henckel Von Donnersmarck, le réalisateur, réussit à transmettre cette situation dramatique inspirée de la réalité sans basculer dans les bons sentiments ou le tragique. Il réussit à faire d’un homme solitaire et froid un petit héros mais sans l’absoudre de tout. Wiesler est en effet un héros qu’on ne peut pas glorifier. Un héros qui ne prévoit jamais de faire le bien et qui une fois qu’il a commis son sauvetage rentre chez lui sans se montrer. Un héros que l’on a du mal à pardonner pour son passé même s’il a souffert lui aussi. En cela le film reflète justement les difficultés des temps de guerre et de dictature, où il est si compliqué de séparer le bien du mal.

L’histoire est d’autant plus poignante quand on sait qu’elle s’appuit énormément sur le contexte historique. Le réalisateur s’est en effet inspiré d’anecdotes, de souvenirs, d’objets de l’époque. De nombreux membres de l’équipe, notamment les comédiens, ont eux-mêmes été victimes de surveillance et d’emprisonnement avant la chute du mur de Berlin. Aux dires du réalisateur, le film aurait été comme une thérapie pour beaucoup d’entre eux. Je vous encourage à lire son interview sur le site officiel du film, c’est assez éloquent. Et ça fait froid dans le dos.

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