La Chambre d'Isabella de Jan Lawers - Théâtre
Jubilatoire est le premier mot qui m’est venu à l’esprit à la fin de ce spectacle. On ne sait pas trop d’où ça vient et à quoi ça tient mais c’est tout à fait cela que l’on ressent, une espèce de joie de vivre, d’espoir, d’amour de la vie…
Je crois que la construction
entière de l’œuvre participe à ce sentiment. L’histoire d’abord et le
personnage principal : Isabella. Jouée par une actrice profondément
humaine, Viviane De Muynck, Isabella nous raconte sa vie alors qu’elle a 94
ans. On voit défiler le 20e siècle, ses amours qui furent nombreux, et les morts, aussi nombreux. Le mensonge les a emportés.
Leur propre mensonge, ou celui du monde.
Le principal de ces mensonges, sur
lequel est bâti l’histoire, c’est la naissance d’Isabella. Pensant être la
fille d’un prince du désert disparu dans une expédition, elle va passer sa vie
à rêver de l’Afrique et de ce père au milieu d’une collection d’objets
africains plus exotiques les uns que les autres. Présents sur le plateau, ces
objets donnent une esthétique très particulière au spectacle. Quand Isabella
découvrira le terrible secret de sa filiation, elle n’aura cependant aucune
rancœur, aucune tristesse. Comme lors de la mort de son petit-fils, devenu son
amant, ou lors du suicide de ses parents.
Car Isabella a compris que la tristesse ne sert à rien et qu’il faut de toute façon continuer à vivre. Sa soif de vivre est insatiable. L’angoisse est une perte de temps comme elle le dit à la fin de la pièce. Vivre malgré tout, malgré les mensonges, les trahisons, les morts… Le mensonge qui a construit sa vie lui permet après tout de garder de belles histoires dans sa tête, son prince du désert sera toujours là pour elle alors que les autres sont morts.
Cette soif, cet appétit de vivre est aussi magnifié par une troupe de comédiens-danseurs qui accompagnent Isabella dans son récit. On sent une véritable communion sur le plateau car tous servent le même but dans un esprit festif. J’ai beaucoup apprécié certains moments de danse où le corps exultait, montrait la force de la vie. Les chansons qu’ils reprennent en cœur donnent aussi cette impression ; ce mélange de voix émeut terriblement car il est un rituel profondément humain.
Bref, c'est un peu dur à expliquer mais ce mélange de danse, musique, texte, scénographie nous donne vraiment une leçon de vie.
Je l'ai vu en novembre 2006 mais il est surement encore possible de le voir ailleurs... Je vous le conseille à 200%, vous en sortirez en pleine forme!